dimanche, août 02, 2009
L'ADRESSE
Je reviens sur cette pièce de théatre à laquelle j'ai participé, "Europe the night", de White Mitchell. Nous avons fait une première lecture tous ensemble au début du mois de juillet, autour d'une table, puis avons fait deux répétitions avant la représentation du 24 juillet dernier. Durant la toute première lecture, j'apprends que nous n'avons pas besoin d'apprendre les textes par coeur car nous aurons les textes sous les yeux. Ca s'appelle "une lecture". En public, pourtant. Il parait que çà se fait parfois en théatre, pour présenter la pièce quand elle n'est pas encore répétée et qu'elle n'a qu'une seule représentation. Je suis surpris mais rassuré: je n'ai pas des tonnes de textes et des parties de guitare à apprendre. La pièce est en effet remplie de musique à jouer live puiqu'il s'agit d'une reformation fictive du groupe Europe pour l'an 2000,qui revisitent ensemble leurs meilleurs souvenirs, le tout, bien sur, au cinquentième degrès. Nous étions trois musiciens, deux acteurs et White Mitchell, auteur et metteur en scène. J'entends parler de "l'adresse". Ormis celle où j'habite, je n'avais jamais entendu ce terme dans le domaine du spectacle auparavant. White Mithell de m'expliquer que ce terme définit la personne ou les personnes à qui l'on s'adresse lorsque l'on joue, et à quel point c'est determinant. Je n'avais jamais réfléchi à çà avant. Pourtant, j'ai fait beaucoup de concerts, mais je ne m'étais pas posé cette question, ou pas de cette manière. Depuis ce jour du début juillet, j'essaie d'y penser lorsque je joue de la musique, que ce soit en live iu en enregistrement. J'ai par exemple enregistré deux reprises ce mois ci: une de Kim Carnes et une de Kim Wilde, pour un éventuel projet de "Kim plays Kims". Rien de sur. Toujours est il que pendant l'enregistrement de ces deux covers, je réfléchissais: "à qui est ce que tu t'adresses?". En musique, on se pose plutot la question de "à qui le destines tu?". Ce qui est diférent. Pour les concerts que j'ai fait depuis, je me suis posé la même question. Que ce soit à Coutras, au Cap Ferret, a Merignac, Paris ou Saintes, mes derniers concerts ont été influencée par cette question d'adresse. Et ce samedi, à Saintes, où je jouais et partageais l'affiche avec Rodolphe Testut au Bar du Centre, j'ai commencé à sentir le sens de cette question. Je me suis adréssé à ceux qui veulent bien se laisser faire à entendre mes chansons, et pas du tout aux autres. Rien d'officiel, rien de déclaré, juste un feeling que j' adréssais à certains et pas aux autres du public. Pas de regard précis, pas d'annonce, mais il y' avait bien ceux à qui je m'adressais et ceux à qui je ne m'adressais pas. Tout çà était dans ma tête, mais se ressentait. Naturellement, les gens à qui je ne m'adressais pas sont partis, les autres sont restés dans le concert, dans la musique. Par le passé, j'essayais de dégager une sorte de magnetisme qui invite les gens à écouter, ou alors l'inverse, en dégageant quelque chose d'hostile envers ceux dont je ne souhaitait pas l'écoute. Mais avec cette technique, pas besoin d'être attirant ou repoussant, il suffit de choisir à qui l'on s'adresse. Ca n'est qu'un début, mais je commence à sentir que cette pièce de théatre m'a apporté un outil précieux. Mon concert à Saintes était de loin mon meilleur de ce mois ci. Sentant que j'avais choisi ceux du public à qui je m'adressais, je pouvais me concentrer d'avantage sur la musicalité de mon jeu. J'ai peu parlé au micro, mais il ne faut pas croire que vous êtes à l'abris de sketch improvisés si vous me croisez en live. Simplement, en ce moment, cette histoire d'adresse m'interesse. Je compte l'appliquer à l'ensemble de ce que je fais: mes concerts, l'enregistrement de mes disques, mais aussi l'écriture de mon blog, ma promo, ma web tv, mes bandes dessinées, mes clips, mes peintures numériques, mes photos, etc.
Quant aux répétitions et à la pièce "Europe the night", les deux jours de répétitons m'ont fatigué car je ne répète pas souvent, et la représentation m'a scandalisé tant nous avons été reçus comme des chiens. Le patron de ce théatre de Vitry est un con. Le public de White Mitchell était là, et nous avions de l'écoute. Gachée par ce patron de merde qui parlait hyper fort durant la pièce et qui souhait couper le son, pretextant que la pièce avait une heure de retard. Ce qui était vrai, mais qui venait de ces propres ordres de décalage des horraires quelques heures auparavant. Incidant que White Mitchell devait gérer en négociant avec ce type pendant sa propre pièce pour que son déroulement n'en soit pas interompu. Classe. Pour ma part, mon moment préféré a été un moment d'accident. Un des acteurs déclame son texte mais se trompe de personne en le récitant, et s'adresse au bassiste du groupe au lieu de moi. Une erreur qu'il a fallu ratrapper par quelques secondes d'improvisation dont je me suis chargée, et qui ont été mon moment où j'étais le plus dans le jeu. Non pas que je prétende faire de meilleures improvisations que ne sont les textes de White Mitchell, mais plutot que je ne suis pas acteur, et que pour moi, l'improvisation, même textuel, reste ce que je préfère faire. Mes concerts ont parfois tourné au stand up. Mais dans un contexte indie pop, on est dans le décalage. Je ne savais pas que dans un contexte théatral je ressentirai le même plaisir à improviser des textes. Cette expérience m'a donc aussi beaucoup appris dans ce sens là. "Europe the night" a beaucoup plu, et White Mitchell semble vouloir faire une nouvelle représentation à Paris pour l'automne. Voici en tout cas quelques photos de cette soirée:
Ciao.
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