En ce moment, je suis un peu soucieux. Je sors bientôt mon nouvel album et j'ai le trac. Tout simplement. Je ne peux pas dire çà sur facebook ou myspace, çà serait me tirer une balle dans le pied, alors je le dis à mes lecteurs fidèles sur mon blog. Oui, je suis anxieux. Il faut se mettre à ma place, ce disque sera mon 18eme album. J'ai 32 ans! Les années passent, c'est incroyable. Je connais certaines personnes dans le secteur musical depuis presque vingt ans. L'autre jour, je suis allé à un concert des Pastels, organisé par Summery Agency, mes tourneuses. Je connaissais plein de gens, et certains depuis 1990. Une époque dont j'ai parlée le lendemain avec le vendeur du magasin de disques Exodisc dans le 18eme à Paris. Nous évoquions la crise du disque de 1991, lors de la chute du distributeur Danceteria. C'était une catastrophe. J'en étais témoin. Pour moi, çà a été un miracle. Du jour au lendemain, tous les catalogues de disques indépendants étaient bradés à cause de la liquidation de ce distributeur majeur des années 80. Je pouvais trouver des disques fabuleux pour 15 frans (2 euros environ), et étancher ma soif de découvertes. J'avais 14 ans. Cette crise était due à l'arrivée du cd quelques années plus tôt. Le circuit de la variété en a beaucoup souffert aussi. Et puis les usines de vinyles ont fermé. C'était la fin d'un rêve pour moi: "je ne ferai jamais de vinyle de ma vie!"). Sauf que c'était de l'intox. Je me souviens être arrivé à la Fnac de Bordeaux et en avoir parlé à Thierry, du rayon variété internationale. Il m'a expliqué qu'on allait réduire son bac de vinyles de moitié et que d'ici fin 1992, il n'y aurait plus du tout de 33 tours ni de 45 tours en vente. Il m'a aussi expliqué qu'il ne cederai pas. Que le disque était sa passion. Surtout en vinyle. Aujourd'hui, nous sommes fin 2009 et Thierry a réussi son pari. Il y'a même plus de vinyles dans le rayon de la Fnac de Bordeaux qu'en 1992! Si vous habitez Bordeaux, passez le voir de ma part et félicitez le. En 17 ans, ce type a réussi à redonner envie à ses clients, à tel point que son rayon n'a pas disparu.
Thierry, le vendeur de la Fnac de Bordeaux, m'a aussi dit un petit secret à l'époque: les usines de fabrication de vinyles n'avaient pas fermé. C'était de la propagande pour faire disparaître le produit. Je ne le croyais qu' à moitié puisque à la télévision on parlait vraiment de la fermeture des usines. Ca a été pour moi les débuts d'une grande deception: le mensonge de la com dans le monde de la culture. Toujours est il qu'à lépoque, je montais des bandes de façon expérimentale sur mon radio cassette. Ca donnait mes premières musiques et le terme musique concrete ou encore bruitiste m'allait très bien. C'est ce même "Thierry de la Fnac" qui me conseillait aux débuts des années 90 de laisser quelques cassettes en dépot vente dans son rayon. Pour la première fois, je vendais ma musique. Le paiement a même était compliqué puisque je n'avais que 14 ans et pas de compte en banque. Je ne me souviens plus comment on a fait, mais je sais que j'ai vendu des dixaines de ces cassettes pourtant rudes à écouter. D'ailleurs un jour, je songe à les rééditer. Bref, un an plus tard, je voyais en effet des 45 tours arriver dans les bacs. Certains étaient même de production locale. Les labels s'appelaient Cornflakes Zoo et Alienor. Thierry ne m'avait pas menti: on fabriquait encore du vinyle. Un soir, ce même vendeur de la Fnac a passé un titre à moi dans son émission de radio, et avec çà, il a parlé de toutes sortes de labels qui sortaient des disques vinyles. J'ai du effectuer mes recherches. A l'époque, internet n'existait pas. J'ai téléphoné ici, écrit là, puis j'ai fini par rencontrer des gens aux concerts, puis je me suis retrouver à envoyer des cassettes démos.
Aujoud'hui, je sors mon 18 eme album. Le temps passe. C'est dingue. Apres la crise de 1991 a suivi la crise du spectacle de 1998, lorsque personne ne voulait plus de live, mais ne voulait que des djs. Me voila en 2009, quelques années plus tard, internet en plus, et une discographie que les gens découvrent enfin. Desormais il est autorisé de chanter en anglais à la radio, ou du moins possible. Tout çà a été long et je crains la sortie de mon disque comme celle de ma première cassette bruitiste dans les bacs de la Fnac de Bordeaux. La même crainte. Pas une peur de déplaire ni de choquer. Pas non plus une crainte d'engouement. Plutot une peur d'indifference. C'est çà dont j'ai peur lorsque je sors un disque. Il faut dire qu'il est difficile d'avoir des retours. Aujourd'hui il y'a internet. On peut laisser des commentaires sur myspace ou des blogs. Mais durant des années, j'ai été drogué aux chiffres: "allo, combien ai je vendu de disques?". La seule manière de se rendre compte. Mon prochain album sera d'avantage diffusé que mon précédent.
Ce qui fait ma mise en place la plus importante. Il y'aura plus de copies en circulation, et dans un pays de plus. L'italie. Il sera donc disponible en France, Canada, Benelux et Italie. Et ce sera le 28 de ce mois de septembre.
Ciao.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire