jeudi, septembre 19, 2013

CLEA VINCENT


Voici une pochette qui, il me semble, est celle du premier album de Cléa Vincent. Chanteuse, pianiste, auteure et compositrice de talent que j'ai eu la chance de rencontrer vers fin 2009 aux open mics du Pop In que j'anime avec mon ami Guillaume Léglise. Open Mic dominical lors duquel j'ai également rencontré Natas Loves You, Baptiste Hamon ou encore Batist et Sofia Bolt que j'ai eu la chance d'accompagner à la batterie, ainsi que Victorine qui fit ses débuts de chanteuse vers 2011 sur ces mêmes planches. 
Fin 2009 lorsque j'ai rencontré Cléa Vincent, j'ai d'abord été charmé par sa voix étrange et son chant si particulier. Puis ses textes ambigus, sa sincérité désarmante, son jeu de piano entre Monk et Berger et son rythme de samba française un peu trop rapide pour être ethnique ou jazz. Je suis allé la voir en concert. Et j'ai adoré ses chansons. J'en avais de coté également que je n'arrivais pas à finir et elle me disait avoir les mêmes soucis sur certaines des siennes. Depuis ce jour, nous avons écrit quelques chansons à quatre mains, dont l'une d'entre elles, "happée coulée", fut chantée par Luce pour son premier album en 2011. 
Il y'a environ deux ans, Cléa a signé un contrat chez Polydor. De là elle a enregistré un album, auquel j'ai eu le plaisir de participer en tant que batteur, choriste et aussi co auteur co compositeur d'un titre. Le disque, produit par Alf et Severin, devait voir le jour ces derniers mois. Puis il a été repoussé. Aujourd'hui, Cléa s'est fait rendre son contrat et la sortie de ce disque est tout simplement annulée. Durant les deux années de Cléa chez Polydor, il lui a été conseillé de se faire rare. Elle a donc du interrompre ses concerts, pourtant fréquentés par un public de plus en plus dense, et attendre qu'on lui dise quoi faire et quand. Pour une personne autant accroc aux concerts, cette stratégie de la rareté a été assez pénible en plus de représenter un manque à gagner financier et une non réponse à l'emploi. Car les avances sur royautés ne sont que des avances à recouper. Un cachet de concert, lui, est un salaire versé pour prestation. Il n'y a rien à recouper. Ainsi Cléa, qui, par le passé, se voyait jouer tout le temps, certes souvent dans de petits lieux, s'est vue ne plus jamais jouer en concert, malgré sa signature en parallèle chez un tourneur qui ne lui a trouvé aucune date, faute de disque, malgré des espoirs de salles plus conséquentes. Cléa de son coté, a vu certaines de ses vidéos sur Youtube disparaître car qualifiées de peu gratifiantes. Certaines d'entre elles nous montraient en train de jouer ensemble, ce qui, je suppose, doit nuire d'une façon ou d'une autre à sa réputation, et qui, au passage, me froisse, surtout quand je me souviens avoir parlé de Cléa partout à toutes sortes de personnages de maisons de disques.
Mais voilà, il semblerait que les médias n'aient pas vu d'un bon oeil ce disque de Cléa lorsqu'ils écoutèrent les promos. Le journalisme doit être libre et doit pouvoir attaquer ou non un disque, le défendre, l'apprécier ou non. Mais là où quelque chose m'échappe c'est au moment où je pense à l'écurie en question. Si l'on signe chez quelqu'un c'est que ce quelqu'un croit au disque produit. Alors pourquoi en annuler la sortie si les médias ne suivent pas? Imaginons la scène avec notre boulanger du coin: "Bonjour, je voudrais la baguette tradition s'il vous plait?" "Non, nous l'avons retiré des ventes car nous avons eu un papier épouvantable à son sujet dans Libération.". Que les médias critiquent, c'est une chose, mais le public dans tout ça? Je conviens aussi qu'il y' ait une crise économique, mais si l'on ne tente rien sous prétexte de mauvaise presse, on ne peut pas avancer. Dans des cas de plus grosses envergures, type Daft Punk, on dit que les critiques ont toujours été mauvaises et que ça n'a jamais été un problème. Se réfugier derrière des excuses d'envergures ne suffiraient pas répondre à ma question. Car il suffit de zoomer ou de multiplier les pertes et les gains pour avoir une échelle différente. 
En tout cas, aujourd'hui, je peux témoigner qu'un beau disque est en train d'être effacé, annulé, et que c'est une perte. Je l'ai écouté. J'ai eu cette chance. J'en ai assez d'avoir cette chance et qu'un public éloigné ne l'ai pas toujours sous prétexte d'accidents de parcours.
Ciao

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