vendredi, mars 14, 2014

DE LA DECEPTION EN MILIEU DISCOGRAPHIQUE OU COMMENT SPECULER SUR DU VIEUX

Depuis quelques temps on peut constater une lenteur dans le paysage discographique français. On entend parler de groupes, de musiciens, et les albums sortent parfois cinq ans après. La raison faux cul est de dire qu'il s'agit du développement. Et si on essayait de chiffrer ce développement: cinq avec des agents à payer, des producteurs, des managers, des tourneurs, et aussi les musiciens. On en parle en dernier car eux seuls jouent le jeu de serrer la ceinture en attendant un hypothétique buzz. Quand il arrive, il rassemble tout un tas de partenaires du métier, heureux qu'ils sont d'avoir du biscuit pour leurs conversations lors des soirées, durant lesquels ils fructifieront leur réseau, rencontrerons des gens, feront des projets, et en aucun cas ne participerons, contrairement aux apparences, à la vente réel d'objets discographiques. Un grand salon de rencontres avec pour toile de fond une profession en perte de vitesse économiquement. Ca et là, quelques musiciens candidats, en train de faire bonne figure. Le chemin est toujours le même. Le groupe joue, se fabrique un public et un répertoire, puis se voit accaparé par un agent. Plus ou moins toujours le même. Il doit y avoir quatre ou cinq leaders d'opinion dans le métier de la musique actuelle, et je ne citerai pas de nom, aucun intérêt. Puis par la suite, les partenaires raffolent de ce groupe. Toujours les même partenaires. Un concours téléphonique ici, un concours journalistique là, puis un an après, suite à de soit disant multiples conversations et un silence radio du groupe assez important, vient alors le coup de théâtre, une signature, sur un label, un vrai conte de fée. Par la suite, le groupe rafle des bourses, toujours les mêmes bourses, puis joue de moins en moins, pour créer le manque, puis toujours pas de nouvelles d'un disque. Largement le temps pour nous de passer à autre chose, d'oublier les musiques qu'on a aimées. Puis un jour, une résidence, toujours dans les mêmes endroits, que l'on nous vend comme un miracle. A la fin de ce cirque auquel je participe depuis quelques années en tant que parieur ( oui, comme ce sont toujours les mêmes scènes qui se jouent, on peut gagner aisément ses paris ), à la fin donc de ce feuilleton périssant d'ennui, viennent alors le temps désagréable des comptes et de leur bilan évidemment négatif, puisque personne ne travaille vraiment. Vient alors l'automne de cette vie musicale qui a pu, fort heureusement, se rassembler sur un plateau télé où les mêmes personnes, juges et partis, jouent l'étonnement à la remise des trophées de leurs poulains, en tentant tant que faire se peut de "raconter une histoire". Phrase que l'on entend tellement de fois dans les soirées de peignes culs de la profession discographique. Raconter une histoire est le but premier. Les gens veulent entendre des histoires. Je ne crois pas. Je pense qu'ils veulent qu'on les surprenne, oui. Mais les histoires, ils en ont assez. La crise du disque continuera combien de temps à mettre en scène ce cirque? Faire semblant que tout roule. Et les groupes sortent des deuxièmes albums, des années après, et ils déçoivent obligatoirement. Il n'est pas étonnant d'en voir repartir travailler ailleurs. Mais tout ceci serait il calculé? Pour un deuxième album, pas de bourses, ou si peu, à trouver. Et puis on accusera le trop plein médiatique. Qu'importe. En laissant le public attendre des années une suite à un album qu'il a aimé, peut on vraiment espérer autre chose que de la déception? Imaginez une belle rencontre qui se faire attendre des années et des années? Et bien on l'oublie. Et cet oubli, pardonnez moi de paraître parano, est calculé. Avec la crise du disque, on constate aussi que le temps passe, et que les back catalogues, non contents de couter de moins en moins d'argent, en rapporte d'autant plus. Les vieux disques, les catalogues du passé, perdent souvent des droits au bout de 70 ans, ne coutant plus rien. Et puis ce qui est vieux est soit connu, soit culte, soit intrigant. Pas besoin de promo, car il y'a déjà une "histoire à raconter". Pourquoi développer du neuf alors que le vieux rapporte de plus en plus d'argent? Et pendant ce temps, les labels indépendants se racontent qu'ils découvrent des talents, qu'ils n'arrivent pas à développer, que les bourses sont trop maigres. Laissons les discographies se créer, laissons derrière nous ce passé encombrant, certes passionnant, mais qui est aussi un poids économique considérable du fait de sa facilité à travailler. Ecoutons les oldies en streaming, ca ira. Et laissons la profession faire ses soirées ou seuls les gens qui y sont s'interessent à ce qui y joue. Je m'en rend compte quand je sors de Paris. Personne ne connait les buzz parisiens. Ou alors un tous les 20, et encore, deux ans après, quand Paris s'en fout. 
Ciao

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