vendredi, février 24, 2017

La pluridisciplinarité c'est pas fastoche

J'ai bientôt 40 ans. Dans deux mois. Je me rends compte qu'il est plus difficile pour moi qu'auraravant de proposer de la pop musique. C'est embétant car j'ai encore très envie d'en faire. J'ai commencé à me rendre compte vers 2011 que le public qui venait à mes concerts était plus jeune que moi. En 2012 je me suis rendu compte encore plus franchement de cet état de fait puisqu'une mode de pop francophone mi lofi mi néo new wave faisait son apparition. Des lors, mes chansons, certes lofi mais anglophones, même si néo new wave également, peinait à faire résonner un écho chez la génération née dans les années 90. Quant à ma génération, entre famille et emplois difficiles, ils se faisaient rares à mes concerts et ceux des autres. Le temps change. J'ai senti tout ça. Au même moment le théâtre m'a fait de l'oeil. J'ai alors été engagé comme compositeur dans un duo jeune public ("Play") , puis dans du théatre jeune public toujours comme compositeur ("Les fusées") , puis musicien d'une comédie musicale ("Mistinguett") , puis musicien comédien cartooniste d'un spectacle seul scène jeune public ("Planète Fanfare") . Les choses se sont enchainées et j'ai pris cela pour un appel de la providence. La pop change, je suis largué, mais le théâtre me dit bonjour. Allons y. Par la suite j'ai monté un duo de danse et musique ("De La") puis un seul en scène tout public de théâtre ("La musique, tout ça tout ça"). Depuis 2010 j'ai aussi été engagé comme musicien. Batteur pour Carmen Maria Vega, Victorine, Cléa Vincent, Baptiste W Hamon, Daniel Johnston, Natas Loves You, Batist, Sofia Bolt. Guitariste pour Carmen Maria Vega, Baptiste W Hamon, Yuksek, pianiste pour Mathias Malzieu, arrangeur et réalisateur pour Carmen Maria Vega. Puis j'ai dessiné, puis j'ai peint, puis j'ai exposé pour mes premièrs fois mes dessins.
Toutes ces activités me sont tombées dessus par hasard. Comme les propositions me plaisaient, j'ai tenté plein de choses. En tant que chanteur de pop, il me devenait plus difficiles de trouver des engagements de concerts et mes disques se vendaient moins. Malgré tout il m'ètait toujours possible de publier des disques grâce à de fideles mélomanes que je remercie secrètement. J'ai aussi la chance d'avoir un entourage de labels passionnés, comme Midnight Special Records, par exemple.
Loin de sortir les violons, je tente ici de raconter que depuis quelques années j'ai tenté de nouvelles choses, de nouvelles formes, puisque la mode changeait.
Mes dessins ont rencontré des applaudissements. J'ai senti que je racontait en dessin la même chose que dans les chansons, et que mes peintures nourriraient un jour mes musiques. Je ne sais pas encore comment. En tant que musicien pour d'autres j'ai mieux connu mes forces et mes faiblesses. En tant que compositeur de spectacles également. En tant que co auteur co compositeurs de chansons ou musique aussi, pour Yuksek, Cléa Vincent, Carmen Maria Vega ou Mathias Malzeu, à chaque fois, que ce soit pour une musique ou un texte, j'ai senti que j'avais des possibilités melodiques ici et des fermetures émotionnelles là. Le bilan était parfois dur à encaisser, lorsque je rencontrais un os. Parfois il était rassurant quand ce que je proposais semblait convenir.
Mon premier one man show m'a surpris aussi. 23 pages de textes que j'ai écrit et qui creuse d'après moi toujours le même sillon de la totalité de ce que je fais. Je rencontre les mêmes timidités, les mêmes facilités, les mêmes énergies.
J'ai reçu une critique mitigée pour mon one man dans Criticomique. C'est dur à recevoir. Surtout que ce spectacle n'était pas écrit pour être fun.  Et je me souviens d'avoir vécu la même chose avec les mauvaises chroniques de mon album "Mary Lee Doo" en 2009. Soudain la boucle est bouclée. Grâce à la pluridisciplinarité, je comprends qu'à certains endroits je dois me renforcer, à d'autres m'assouplir, et que, dans chaque formes, je rencontre les mêmes aspects.

mercredi, février 22, 2017

La question de l'audience

Depuis que je sors des disques, c'est à dire depuis 1994, s'est toujours posé la question de l'audience. Puis on m'a posé des questions, dans cet exercice promotionnel que l'on nomme entrevue ou interview. Puis les années ont passé. Et la question de l'audience a dévié, laissant la place à la question de la reconnaissance. Selon les années on m'a demandé si le succès m'importait ou non. On employait le terme de la mauvaise façon, confondant le succès avec la notoriété. Le premier arrive lorsqu'on atteint un but fixé préalablement. Le deuxième arrive quand un certains nombre de facteurs se conjuguent.
Quoiqu'il en soit on m'a souvent demandé si oui ou non j'aurais aimé avoir plus de reconnaissance du public. Cette question est embarassante car pour y répondre correctement il faut un mélange de franchise et de précision qui donne le vertige.
Est ce que j'aurais aimé cela? Non. Cette réponse me vient immédiatement lorsque je me replonge dans les années 90. A cette époque, je ne pensais pas un instant à la reconnaissance populaire, tout simplement car j'avais bien d'autres soucis à gérer sur le plan personnel. En revanche, je me demandais comment atteindre une zone de confiance avec un producteur qui me laisserait loin de ce genre de questionnement. Donc, d'une certaine façon, sans m'en rendre compte, je dois bien avouer que j'espérais obtenir la reconnaissance d'un producteur pour aménager une zone de création sereine. C'etait une porte d'entrée que j'imaginais enviable. Puis, plus tard j'ai essuyé le manque de promotion et la frustration qu'elle engendre. Je sors un disque, il est difficile à se procurer, et la promotion ne suit pas. Dans ce genre de situation les efforts fournis pour créer un disque semblent soudain perdre leur sens au moment où devient impossible la diffusion de cet enregistrement. Donc, si frustration il y'a, c'est que espoir il y'avait de devenir massivement entendu. Certes, ce sentiment était enfoui, mais il devait être présent. Encore un peu plus tard j'ai connu la situation de la diffusion promise et combinée à la promotion correctement effectuée, résultant pourtant sur une maigre vente, c'est à dire une faible reception du disque. Un bide, en somme. Cette situation vient carrément détruire la confiance en soi, celle la même qui donnait jadis l'élan de réaliser quelque chose. La phrase "pour qui tu t'es pris" fait alors son apparition. Avec elle tombe alors le masque crédule qui servait à se raconter que "non, moi, vraiment, ce que pensent les gens, je m'en fous". Que dalle. Ce que pensent les gens influent énormément. Si ils aiment une de nos productions, on va la trouver bonne. Si ils n'aiment pas, on la trouvera mauvaise. Si le public aime me voir hurler dans un micro et qu'ils applaudissent, j'en viendrai a penser que c'est chouette quand je hurle dans un micro. Si ils n'aiment pas mes chansons douces, j'en viendrai à penser que mes chansons douces sont nazes. C'est ça, l'impact.
De la même façon, j'ai vu des gens perdre leur confiance en eux, et même perdre certaines de leurs facilités uniquement a cause du manque d'applaudissements. J'ai aussi vu des musiciens répéter à l'infini certaines de leurs manies musicales uniquement car le public avait applaudi massivement et que "ca, ca a marché pour moi il y'a des années, c'est une valeur sûre". Il n'y a pas de valeur sûre. Car tout change tout le temps. De même il n'y'a pas de mauvaise façon de faire. Ce que le public déteste aujourd'hui, il l'aimera peut étre demain, retournant sa veste sans sourciller. Et nous, musiciens, sommes prêts à nous croire incorruptibles alors qu'un applaudissement nous fait prendre le melon et qu'un bide détruit la confiance en nous. Le succès populaire est un danger, tout comme les bides à répétition en sont un aussi. Le premier nous fait croire qu'on sait tout, le deuxième nous fait imaginer qu'on n'a rien compris. Le premier nous empêche la remise en question quand le deuxième nous ferait tout abandonner. Le premier nous fait dire des "ca fait 22 ans que je fais ce métier", le deuxième nous fait dire des "aujourd'hui tout fout le camp et ca sera de pire en pire". Les deux sont des illusions. Publier un disque qui ne se vend pas écrase la passion. Je peux en témoigner. Cela met le panache a rude épreuve. Je pense qu'il y'a quelque chose à trouver derrière, qui nous rappelle les raisons de nos actes. Ce défi m'est proposé depuis plusieurs années, depuis toujours. J'ai choisi de luter contre ce poison en apprenant en permanence de nouveaux instruments, de nouvelles formes. C'est ma façon de luter. Je ne veux pas être polué par ces considérations stériles durant mes enregistrements, car c'est une affaire qui concerne mon égo face à la providence. Or l'égo n'a rien à faire là durant une période de créativité.
La question de l'audience est cruciale, mais on peut tenter de s'en détacher. Au moins par hygiène. Un defi quotidien. 

mardi, février 21, 2017

des chansons, des instruments, des dessins, des nouvelles formes

La dernière fois que je suis venu vous raconter mes nouvelles sur le blog, ça date. C'était en juin 2016. Il y'a des mois. 
Durant l'été, j'ai finalisé "Planète Fanfare", spectacle qui m'a pris des mois de fabrication. C'est un seul en scène jeune public, commandé par le Studio Fantôme et L'Eglise de la Petite Folie, à Brest. J'ai fabriqué ce spectacle avec Arnaud Le Gouëfflec, lui à Brest, moi à Paris, grâce à internet. Il en a écrit l'histoire, que nous avons faite évoluer ensemble au fur et à mesure des autres formes que je manipulais tous ces mois: Les dessins animés d'une part, la musique de l'autre. Arnaud a écrit les textes de toute la matière théâtrale de ce spectacle. Puis j'ai brouillonné, en imitant les voix des voix offs, celles mêmes qui allaient me donner la réplique via les dessins animés. En effet, "Planète Fanfare"mélange la comédie, la musique et le dessin animé. C'est l'histoire de Daniel, personnage taciturne qui cherche un endroit au calme pour se reposer. Il heurte des objets qui se trouvent être, sous des couvertures, des instruments de musique. A chaque fois qu'il en rencontre un, il se trouve animé sur un écran, sous la forme d'un dessin qui lui parle. Les instruments semblent proposer un défi à Daniel. Au long du spectacle se dessine la possibilité d'une fanfare. J'ai donc dessiné chaque instrument personnifié, au stylo, puis peint à l'ordinateur et animé avec des voix offs. En même temps j'enregistrais la musique, et Arnaud écrivait les textes. Bien sûr ceux du personnage que je joue sur scène n'est pas présent dans le dessin animé. Pour autant je me devais d'envoyer une épreuve à Arnaud avec ma voix témoin. Puis il a fallu raccourcir ici, allonger là, pour que le spectacle dure bien 35 minutes. Très vite nous avons tourné un teaser. En parallèle, je dessinais des toiles, afin de proposer une expo qui renverrait à ce spectacle, avec les personnages instruments peints à l'acrylique. En parallèle également, j'enregistrais des modifications pour la version disque du spectacle, avec des thèmes musicaux développés, puisque la version disque se trouverait privée des dessins animés et de la comédie. En juillet j'ai terminé les dessins animés, la musique, les toiles. Nous pouvions entrer en résidence pour la création lumière et la mise en scène. Les concerts ont repris, avec Les Chansons de Ma Tante ( groupe dans lequel je joue de la batterie ), Cocktail Bananas ( groupe dans lequel je joue depuis 2000, quoique plus rarement depuis 2008 à cause de la distance qui me sépare des autres membres du groupe. J'y tiens le dobro, en ce moment ), Henry Caraguel ( que j'ai accompagné parfois aux percussions, ces derniers mois ), un trio de concerts évènementiels sans nom, et un maxi groupe composé de Cocktail Bananas, Cléa Vincent, Baptiste W Hamon et moi même pour un unique concert improvisé de 3h15 chez Alriq à Bordeaux. J'ai joué près de l'océan, beaucoup, et l'été s'est achevé sur une série de résidences pour "Planète Fanfare". 
Durant l'été un ami m'avait proposé un défi: celui d'écrire un spectacle seul en scène à propos de la musique. Je l'ai écrit. Puis mis à la poubelle, puis écrit à nouveau. 
Pour autant en septembre sortait le premier album de Cléa Vincent, auquel j'ai participé comme co auteur et co compositeur d'une des chansons, "soulevant". Nous avons aussi repris nos duos "Kim & Cléa " mensuels puis avons exporté la formule à Nantes, pour la première fois. 
Rapidement la tournée "Ultra Vega" de Carmen Maria Vega a repris. Elle avait été rallongée et nous reprenions la route. Par ailleurs, durant l'été nous avons enregistré et peaufiné l'album qui va voir le jour ce printemps 2017.
Et puis l'automne est arrivé et le spectacle "Play", lui aussi, a repris. Je suis parti avec Céline Garnavault aux Pays Bas, pour jouer ce spectacle que nous avons fabriqué en 2012 et qui tourne encore. Suite à nos représentations, "Play" est parti pour une tournée en Inde, avec mon binome Raphaël Thyss qui jouait ma partie.
De mon coté je donnais les premières de "Planète Fanfare" à Brest, Paris, Guipavas, avec Vincent Quesnot à la lumière. Nous avons passé une semaine formidable là bas, à Brest. J'ai beaucoup joué de sax, de trombone et de trompette. Il me fallait apprendre vite, même si le rôle de Daniel découvre les instruments et que donc, il ne sait pas en jouer dans la narration. 
En parlant de saxophone et de trompettes, j'ai commencé à sortir plus fréquemment que par le passé avec ces instruments, lors de concerts, afin de progresser au contact d'amis musiciens. J'ai eu la chance d'être invité récemment par Cléa Vincent et Blot lors de concerts, pour souffler dans l'alto. Lors d'un de mes concerts, j'ai tenté aussi un peu de trompette. Je m'entraine beaucoup. 
C'est lors de la résidence finale de "Planète Fanfare" à Brest que j'ai terminé l'écriture du seul en scène tout public à propos de la musique dont je parlais plus haut. 
J'avais demandé à Guillaume Delvingt d'en assurer la mise en scène. Nous avons commencé les répétitions à mon retour de Brest, juste après la première de "Planète Fanfare". Le spectacle s'appelle "La musique, tout ça tout ça" et je n'y joue d'aucun instrument, ni ne chante. C'est du théâtre. Et c'est une première pour mois. Je l'ai joué pour la première fois le 3 février 2017 à la Ferronnerie. Ce fut un trac immense doublé d'un grand soulagement: celui d'avoir découvert une nouvelle forme qui me plait beaucoup. J'y joue le rôle de La Musique qui va chez son psy. 
Durant tout ce temps, j'ai finalement moins dessiné que l'année précédente. Mais je viens de finir aujourd'hui 20 février 2017 ma nouvelle bédé, "La planète fromage" qui narre une nouvelle aventure de Christian, mon héro volatile taciturne. 
Fin 2016 j'ai aussi eu la joie de commencer quelques concerts en featuring de Yuksek. En effet il publiait cet automne un nouvel extrait de son nouvel album qui se trouve être une chanson que nous avons co écrite avec Yuksek et Valérie Hernandez, et co jouée co chantée avec Yuksek. Elle s'appelle "Sunrise" et nous l'avons joué au Grand Journal de Canal Plus, puis aux Transmusicales de Rennes. L'album sort fin février 2017 et je vais avoir encore quelques apparitions avec lui. C'est une joie car j'ai, de ce fait, rencontré ses nouveaux musiciens, et ils sont fort doués. Comme Chassol, ou bien JS de Juveniles, Lucie, Cyril. Un sacré groupe. J'ai eu la sensation de jouer avec KC and the Sunshine Band. C'était un superbe moment. 
Lors de la release party de son album, Cléa m'a invité, en décembre, à venir chanter "Muriel", une de mes chansons, avec elle et ses musiciens. Nous avons presque les mêmes musiciens, par ailleurs. Ainsi nous avons joué, entre septembre et décembre, avec ce combo que je me plais à appeler "La Pizza". Ensemble nous sommes "KIM & La Pizza " et nous chantons mes chansons. La Pizza c'est Baptiste Dosdat, Blandine Millepied, Cléa Vincent et Raphael Léger. 
Bien sûr l'enregistrement de mon album pop a continué, au studio Midnight Special Records, sous la direction et la console de Victor Peynichou et Marius Duflot. Nous avons 7 chansons dans la boite. Je brouillone depuis chez moi sur d'autres chansons. L'une d'elles est sortie en 45 tours début février chez Midnight Special Records et s'intitule "Racha From Aleppo". C'est le premier extrait de mon prochain album pop. Je fais le distingo car depuis 2015 j'ai surtout sorti des B.O de spectacles: "Les fusées", "De La Drum" et "De la piano" ( musique du spectacle DE LA) et "Planète Fanfare". D'ailleurs ce mois ci nous re jouons "DE LA" avec Héloise Vellard, tandis que "Les Fusées" donne ses dernières. "Play" repartira ce printemps, mais avec mon binome Raphael, car je serai en tournée avec Carmen Maria Vega. Nous avons également joué à la télévision avec Carmen Maria Vega, cet automne. Je dois dire que toutes ces télévisions ne sont pas dans mes habitudes. J'ai aimé.
Au rayon sketchs et crétineries, j'ai aussi fabriqué de nouveaux personnages et chansons pour mes projets crétins de Craignos. Il y'a eu Riri et Fufu, sur des bandes de 2002 avec des blagues sans aucune chute, puis Charles Ezeimer, chanteur colérique et nostalgique. Craignos accueille aussi Le Chat Bobby. Le Craignos Cabaret rejouera ce printemps. 
Oui, depuis juin, il y'a eu du pain sur la planche. 
Nous avons enregistré en janvier un album de Cocktail Bananas au studio CBE, et le lendemain un album d' A LA MODE, notre sextet de jazz RAB ( avec Cléa Vincent, Raphaël Thyss, Olivier Ikeda, Raphael Léger, Baptiste Dosdat et moi même).
Et j'en ai encore, des choses à faire: mon album pop, ma bédé avec Baptiste W Hamon, et le mixage d'A La Mode. 
Ciao

lundi, février 20, 2017

LA PLANETE FROMAGE





Bédé, "La Planète Fromage". Une palpitante aventure de Christian, par KIM.

SF. Noir et Blanc. 38 pages.

"Christian, volatile taciturne, semble manigancer un commerce douteux sur La Planète Fromage. Le Flan, au hasard d'une promenade, va découvrir une falaise et de ce fait tout un marché orchestré par Christian. La Planète Fromage est elle en danger?"