mardi, septembre 19, 2017

LA PROMOTION, LES MEDIAS, LA TROUILLE

Alors que dans deux jours je commence ma première journée de promotion pour mon nouvel album "Blues de Geek Manifesto", à paraitre chez Midnight Special Records en novembre, je surprends soudain une boule d'anxiété monter au fond de ma gorge. Oui, la promotion, c'est angoissant. Bien sûr ça l'est beaucoup moins que d'avoir des soucis de santé, ou autre chose. Mais c'est une angoisse tout de même. 
Reprenons depuis le début. Tout d'abord mon profil. Il y'a une tendance autour de moi, très certainement générée involontairement par mes soins, à penser que la promotion ne m'interesse pas, et que je n'ai que faire de ce que pensent, sinon le public, les médias, de mes disques.  
C'est faux. Bien sûr qu'entendre des choses agréables me fait plaisir. Bien sûr qu'entendre des choses désagréables me fait de la peine. Je suis touché qu'on me croit si froid. Quel cran! Je n'en ai pas tant. 
Ensuite, la promotion: comment la faire? Dans les années 90 et 2000, les labels possédaient souvent leur propre pôle de promotion. Si bien que c'était la structure qui dessinait, de par son réseau, la toile médiatique potentielle d'un disque de son catalogue. D'ailleurs c'est encore souvent le cas. Ainsi, ma promotion a été assurée par les labels qui ont publié mes disques et je les en remercie encore. 
Au début des années 2010, il était de bon ton d'engager ce que l'on appelle des attachées de presse et médias indépendants. Mon éditeur l'a fait. Pas de chance, j'ai eu de très mauvais retours sur mon album. Ces derniers, en plus d'être blessants, contenaient un grand mystère pour moi. Après 17 ans de publication discographique aux moyens limités, j'avais enfin une attachée aux médias de grande envergure. Après 17 ans à entendre que mes disques n'étaient pas assez défendus, ces mêmes médias décidaient de fermer leur porte à mon nouveau disque. Ce fut un choc. Je pris aussi conscience du métier d'attaché de presse. Les portes des médias qui se ferment, les maisons de disques qui exigent du résultat, les musiciens qui veulent de l'audience, le public qui ne se renseigne pas assez mais qui critique tout ce que les médias tentent de mettre en lumière. Et on peut le comprendre.
J'ai donc reçu un compte rendu. Dedans on pouvait lire qui avait aimé, qui n'avait pas aimé, mais aussi qui ferait un article et qui n'en ferait pas. Il y'avait aussi d'autres lignes, plus intrigantes: "n'écoutera pas". Je n'ai jamais su pourquoi on ne se donnerait pas la peine d'écouter mon album. En tout cas, "on n'écoutera pas". Je n'ai jamais su pourquoi. A ce moment précis, on peut conclure que la médiatisation n'aura pas lieu. 
Ce que n'imaginent pas les auditeurs de musique, c'est que quand il n'y a pas d'articles, alors certains autres médias ne se donnent pas non plus la peine d'écouter le disque. En gros, tout marche comme des dominos. Si bidule aime l'album, alors machin se sentira obligé d'en parler, et truc va peut être le diffuser, puis, la boule de neige continuera ainsi, jusqu'à ce qu'elle aille dans l'autre sens. Puisque machin en a dit du bien, bidule va en dire du mal. Des guerres de gouts. Au milieu de ça, il y'a le disque que l'on a fabriqué avec soin et sueur. Alors bien sûr il y'a aussi un sens critique et il faut savoir l'accepter. On remercie au passage Beaumarchais. Seulement voilà, il n'y a pas que la liberté de blâmer en jeu. Il y'a aussi les régies publicité et un véritable marché de l'information. Ainsi, si j'achète un encart pub dans un magazine, il se peut très fortement qu'il trouve mon disque pas si mauvais. Savoir le faux du vrai dans ton cela est très complexe. 
En tout cas, par effet de dominos, une promotion qui ne commence pas très bien peut s'essouffler rapido et réduire à néant la bonne distribution de l'album sus dit. Pas de bol si on a monté une tournée derrière. Il se peut même que la tournée soit annulée de ce fait. Alors oui, les médias sont hyper puissants et c'est bien eux qu'ils décident à quelle sauce on va être mangés. Ainsi, en 2011, il a été décidé que mon disque ne serait pas entendu. Et ciao. Dur. Surtout que dans une autre pièce, celle où séjournent de probables amateurs du dit album, il y'a comme une impression de soufflet qui retombe. Les acquéreurs de l'album nous regardent, plus ou moins déçus, avec dans l'oeil un "on m'avait dit que votre disque allait cartonner, je l'ai acheté, il cartonne pas, j'en veux plus". 
Suite à cette déconvenue de 2011 j'ai décidé que la promo, c'était sympa, mais qu'il valait mieux laisser tranquille les journalistes. Mon éditeur avait mouillé sa chemise, j'avais mis de l'énergie, et walou! Pour la peine, pas de promo pour mon album "and then we take another road" de 2012. Ironie, des journalistes m'ont passé commande. Je tairai les noms. J'ai bien mieux vendu cet album là que le précédent. 
J'ai attendu 2015 pour à nouveau reconstruire un plan promotionnel. Je le souhaitais discret tout de même. La Bise Fraiche a assuré ma promotion. Et je l'en remercie. Ce fut fait avec délicatesse. Je ne me sentais pas de tenter la promo coup de poing, et je n'en avais pas les moyens. 
 
Pour ce nouvel album, le label et moi même avons demandé à Scopitone Média d'assurer la promotion. Je commence ma première visite promotionnelle dans deux jours. J'ai le trac, j'espère que tout se passera bien. 

 J'en appelle à vous tous, qui lisez ce blog ou écoutez mes disques ou les deux. J'ai besoin que vous relayiez un maximum les articles, bons ou mauvais qu'il y'aura, j'espère. Quand le disque sortira, si il vous plait, faites le écouter autour de vous. Il y'a des facilités numériques pour ça, alors je compte sur vous. Car on fond, c'est vrai, j'aimerais que les médias aient beaucoup moins de poids. Bien sûr. Qu'on soit moins esclaves, nous musiciens, des désidératas des journalistes qui font la pluie et le beau temps dans vos discothèques. Je respecte leur métier, mais il a pris trop de pouvoir. La musique doit être plus forte que ça. Et ça dépend aussi de vous. 
Merci