Le chant saturé, les voyelles couvrantes et le micro

Hier j’ai dû interrompre ma permanence à la galerie du Pop Up, oû j’expose actuellement mes dessins, car j’avais un engagement de concert à la Philharmonie de Paris. Un quadruple concert. Car je devais jouer chaque heure durant 20 minutes, en set solo, avec mon dobro. J’avais deux pistes sur une enceinte. Une pour le dobro et une pour la voix. Je m’étais promis de ne pas trop utiliser ce qu’on nomme le chant saturé. Car 4 passages avec des pauses de 40 minutes, ca pouvait être périlleux pour les cordes vocales. Chanter saturé c’est comprimer sa gorge et augmenter la pression du son, pour donner un effet éraillé. Cet effet a la qualité d’être présent sur la cellule d’un micro, pour ainsi dire il améliore la prise de voix. L’autre avantage c’est qu’il est incarné et présent, ce qui donne au public une impression de voix chaude. L’ennui c’est que ca abime la voix. J’ai beaucoup utilisé cette technique, surtout depuis les années où je chantais dans la rue. Cette méthode permet aussi une chauffe accélérée de la gorge. L’ennui c’est qu’elle casse la justesse des notes. Alors depuis 2015 j’ai pris des cours avec Nathalie Dupuy, cette super coach vocale. J’ai réchauffé mes notes aigues et éclairci mes notes graves. On appelle cela mettre de l’aigu dans le grave et du grave dans l’aigu. Pour surligner les graves et sous ligner les aigus, on peut utiliser les voyelles couvrantes. Celles qui donnent l’impression que la voix passe derrière la tête. Le « sti do do » de Sting. Le souci c’est que c’est un outil maintes fois éculées dans la variété inoffensive. Et comme je joue de la pop, il faut doser ce genre d’effet. Seulement hier, pour mon deuxième passage, j’ai beaucoup trop monter mon micro chant. Ainsi, je me suis retrouvé â chanter loin du micro. Avec ces voyelles couvrantes que j’avais envie d’utiliser. Cette petite erreur de réglage m’a projeté dans les années 90. A cette époque j’aimais chanter loin des micros en voix pleine, non saturée. Plus tard j’ai aimé l’inverse, pour une présence vocale frontale. La voix couvrante et la prise de son m’ont fait me souvenir de ceci: chanter de la pop à poumons plein, voix claire, voyelles couvrantes et micro éloigné, c’est une joie presque soul pop.