"The sunlights never came" arrive en 7e position sur mon disque. C'est souvent à cet endroit là dans un enregistrement que je commence à me permettre des rythmes complexes. L'auditeur a été entrainé durant la première partie de l'album, si il en est à cette deuxième partie, c'est qu'il me fait confiance. J'ai enregistré une première version de cette chanson au studio Bonus Track de Yarol Poupaud au printemps 2010. Je trouvais les accords très proches de "My family" sur l'album "Mary Lee Doo", ce qui m'encourageait à l'inclure à "Radio Lee Doo" mais m'orientait sur une mauvaise piste rythmique: celle du ternaire folk. La première version de cette chanson, que je compte publier dans quelque temps sur mon blog Coussinet, était une sorte de ballade country. Je n'ai pas aimé cette version. J'ai du refaire une paterne de batterie, en binaire. J'avais envie d'éviter le premier temps, comme en reggae. La caisse claire est placée sur le temps numéro 4 mais elle est jouée en premier dans la chanson, ce qui nous piège et nous fait penser que c'est le temps 1. Puis les grosses caisses accompagnées de charleys ouverts jouent sur des croches faibles autour du "1". Les futs ne font que compléter ce "trompe l'oreille". Une fois votre oreille déconcertée, je place la basse sur des croches faibles avant le temps fort 1, et renverse tout mes arpèges de guitares en soignant un placement à contretemps. Avec ces placements, impossible de trouver un vrai temps fort. Le chant peut survoler la chanson. J'ai écrit des mélodies sur gammes asiatiques, une fois de plus, et j'ai divisé mes strophes en jours de la semaine, ce qui n'est donc pas symétrique. J'ai enlevé le mercredi pour la surprise et déroulé une histoire qui montre la semaine d'un musicien. Le banquier qui ironise et l'appelle "Elvis" par moquerie, les rumeurs qu'il entend sur lui, l'envie qu'il a de chanter ses chansons, la semaine qui passe sans que les choses qu'il doit faire n'aboutissent, le week end qui arrive, et la météo peu clémente pour la fin de semaine. Le tout est une image autour du besoin tragique de reconnaissance que ressentent les musiciens, cherchant des activités pour se rassurer et sentant bien que les gens en attendent toujours plus d'eux. Une chanson sur la déception, sur ces phrases que les musiciens entendent tout le temps quant à des résultats que les gens attendent d'eux. Le risque d'exposer ce que l'on produit entraine cette pression. Mais les musiciens n'en parlent jamais. Il y'a ceux qui considèrent qu'il ne faut pas se plaindre par pudeur et ceux qui mentent et affichent une sorte de satisfaction d'eux même permanente. Cette chanson est pour les deux cas de figure. Car ce qui m'intéressait, c'était de livrer une chanson entre l'hommage et la critique. Je déplore ce théâtre, il n'a rien à voir avec la musique. J'ai tenté avec ce blog de montrer ma vie de musicien pour que les lecteurs puissent entrer dans mon intimité d'activité musicale. Le mystère que cherchent à provoquer les musiciens est improductif. Ces derniers cherchent un public en quête de projections. Ils cherchent à divertir alors que je pense qu'il vaut mieux chercher à convaincre. Cette chanson décrit tout cela. A la fin, elle est enchainée directement avec "The candidate" qui décrit la même chose. Pour ce qui est des instruments, j'ai tout joué, comme d'habitude, de la batterie aux guitares en passant par la basse fretless, l'orgue hammond, les percussions ( que je pensais comme un bruit de tribu ), et la guitare préparée. J'ai beaucoup aimé jouer ce solo. J'ai fait plusieurs prises de guitares solo, mais j'ai gardé celle que j'avais faite en prenant d'abord le soin de désaccorder la guitare n'importe comment. Une fois ce solo immonde enregistré, je me suis obligé à le découper à l'ordinateur et le modifier, lui injecter des reverbérations, des delays idiots, puis j'ai inversé la lecture, découpé, accéléré, copié des mini évènements de façon aléatoire. Ce solo est extra terrestre. Clément Daquin a mixé tout cela.
Ciao.
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