Après avoir sorti mon double album "Radio dub" en 1998, j'ai ressenti un petit coup de pompe. Mon voisin était insupportable et ne tolérait aucun bruit. C'était un ancien militaire qui avait fait la guerre du Golfe et le voisinage disait de lui que ses crises de nerf étaient dues à sa radioactivité, ce qui me semblait possible car il était effectivement colérique. Nous nous sommes battus quelques fois, mais il m'arrivait de prendre sur moi les jours de petites formes. Ces moments là m'ont donné une grosse envie de musique instrumentale. A vrai dire je n'aimais pas que mon voisin m'entende chanter. J'ai commencé à enregistrer tout un tas de petits instrumentaux. A ce moment là, je venais aussi d'apprendre qu'il existait ce que l'on appelle la musique de commande. J'étais persuadé que les musiques de pub n'existaient pas en tant que tel et qu'un type un peu curieux avait pour mission de trouver de la musique à ses clients. Je me suis mis dans l'idée d'apprendre à créer de petites vignettes se suffisant à elles mêmes. A cette époque, j'axais tout ce que je faisais sur le chant et je m'inquiétais de cette méthode. Je me méfie toujours des méthodes. Elles sont rassurantes un temps, puis elles nous coupent les jambes. Pour moi, faire de la musique instrumentale à ce moment là était comme sauter dans le vide. Comment s'exprimer avec un instrument? Je me suis dit que mon gout pour l'apprentissage d'instruments de musique n'en serait que grandi et qu'une fois ces expériences réalisées j'aurai progressé musicalement en plus d'avoir probablement de nouveaux enregistrements à publier. Rapidement et involontairement s'est articulé mon album "Folk/Organ". Mais il me restait des idées et je voulais absolument tenter de petites vignettes, en imaginant qu'un jour j'aurais peut être à en réaliser pour de vrai, pour des spots de pub. Mon gout pour la Lofi s'estompait et pourtant j'étais nostalgique de 1994, cette année où j'aimais enregistrer dans la cuisine et laisser volontairement couler l'eau du robinet, cuire les oeufs ou taper sur des cuillères. Cette école de la Lofi, du magnétophone à cassettes me manquait depuis que j'avais acheté un magnéto huit pistes à bandes et que je m'imaginais produire mieux mes disques ( ce qui n'arriva pas tant que çà ). En grand timide devant la MUSIQUE, je trouvais encore un moyen de me justifier et inventait un concept plus ou moins fumeux qui consisterait à considérer la MUSIQUE comme de la cuisine, de la composer comme une salade et de l'enregistrer dans la cuisine. L'idée du titre m'est venue, "La cuisine selon certains principes", accompagnée d'un axe ( j'ai toujours besoin d'un axe quand je prépare un album ) fixé entre l'orchestration et l'instrumentation. L'un à son minimum, l'autre à son maximum. L'orchestration représente la technique d'organisation des instruments dans une partition alors que l'instrumentation désigne le dressage et le choix de cette liste d'instruments. Vous pouvez par exemple disposer d'un orchestre de 150 pupitres et ne faire jouer simultanément que quatre d'entre eux au maximum. On dira que l'instrumentation est maximale mais l'orchestration minimaliste. Au contraire dans un quatuor à cordes qui jouerait une partition épaisse et dans laquelle chaque instrumentiste jouerait en permanence, on parlerait d'une petite instrumentation pour une orchestration chargée. Ainsi le rock est il un bon exemple d'orchestration massive pour petit ensemble. Stravinsky, au contraire fait varier son orchestration en épaisseur tout au long de son "Sacre du Printemps" afin de créer des reliefs. J'adore ce compositeur et loin de moi l'idée de m'y comparer. Cela étant je voulais produire cet effet au paroxysme et utiliser le maximum d'instruments dans l'album sans jamais en utiliser plus que quatre simultanément pour produire de la variation de couleur. De même, pour garder cet axe paradoxal et éviter le "ton sur ton", je souhaitais qu'il y' ait le plus de morceaux possible et que chacun aient une durée d'exécution minuscule. Mon axe était donc celui qui sépare le minimalisme du maximalisme. Le tout avec un peu d'humour puisque je ne savais pas jouer de la plupart des instruments ce qui était pour moi un vieux rêve: démontrer que l'on peut accomplir des prouesses dans l'improvisation avec un instruments qu'on ne connait pas du tout, uniquement par accident. Ainsi j'ai effectué quelques notes à la trompette, dans ce disque, que je serais incapable de rejouer. Là encore, dans ma tête, il s'agissait d'un paradoxe de plus: un disque très réfléchi, sauf quand il s'agit de jouer. J'ai donc commencé l'enregistrement, puis ai pioché dans des enregistrements antérieurs qui pouvaient coïncider, puis me suis lassé. J'ai eu envie de chanter à nouveau et ai enregistré l'album "Metalic Sane". Puis j'ai eu envie de hurler et ai enregistré mon album "The Hard Rock". Enfin, début 2001 j'ai remis de l'ordre dans "La cuisine selon certains principes", l'ai mixé, puis ai cherché un label pour le sortir. N'ayant trouvé personne j'ai publié l'album sur mon label, MKLABEL, avec les bénéfices de l'album de Pull que j'avais produit sur ma structure. Le disque est sorti en vinyle avec un jeu de piste de photomatons, comme dans tous mes premiers disques. On y retrouve les gens que je voyais à cette époque comme David Lespes, Mélanie ( plus tard Tender Forever ), Julien Pras, Geoffrey Torres, et bien d'autres.
Cet album est enfin réédité en digital, disponible aujourd'hui sur toutes les plateformes de téléchargement légal.
Depuis, ce titre a servi pour l'émission de cuisine de Mary sur Telekim. Elle n'a plus le temps de la présenter mais les archives restent.
De mon coté, après plusieurs tentatives, j'ai enfin eu ma première musique de pub dans un spot. Il s'agit d'une mini film que l'on peut voir sur la page facebook de NikeFrance. http://www.facebook.com/NikeFootballFrance?v=wall#!/video/video.php?v=1605917503019
CIAO.
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